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Douloureuse nouvelle et perte immense. Pierre ALBERTINI, l’une des figures les plus marquantes du tennis de table français au cours de ces quarante dernières années, vient de disparaître. Il est décédé des suites d’une chute dans l’escalier de sa maison de Conches-sur-Gondoire, en Seine-et-Marne. Il venait de fêter ses 75 ans.

Avec sa poignée de main de leveur de fonte, son éternelle moustache et sa voix à faire trembler les murs, Pierre ALBERTINI a laissé une empreinte profonde dans l’histoire du ping national. Rien ne le prédisposait pourtant à y tailler sa route pendant près de deux décennies. Sa première passion sportive, il la découvre sur les tatamis.

Au judo. Costaud, accrocheur et fin technicien, il grimpe rapidement les marches vers le haut niveau d’une discipline où les grands noms se ramassent pourtant à la pelle. Il sera quatre fois champion de France et deux fois médaillé aux championnats d’Europe. Sélectionné aux Jeux de Munich en 1972, il prendra la 7e place.

Poursuivant la tradition d’un sport où les glorieux anciens s’éloignent rarement des structures du haut niveau, Pierre ALBERTINI fait carrière dans le mouvement sportif français. Son kimono au clou, il creuse son sillon dans le saint des saints, à l’INSEP, jusqu’à prendre la responsabilité des Brevets d’Etat. La FFTT va venir l’y chercher, à l’automne 1986. Bernard Jeu, le président de l’époque, peine à dénicher dans sa propre famille un DTN au profil et au charisme taillés aux exigences d’une période tournée vers la modernisation. Il lui vient alors l’idée de confier la mission à un « intrus ».  Un choix payant au-delà même de ses espérances.

Au poste de DTN, Pierre ALBERTINI va accompagner l’évolution du tennis de table national vers quelques-unes de ses plus belles années. Puis, trajectoire rarissime dans l’univers du sport français, il abandonne sa tenue de technicien pour enfiler un costume de dirigeant fédéral. Il est élu président de la FFTT en 1992, après les Jeux de Barcelone. Il rempilera quatre ans plus tard pour un deuxième mandat, bouclé en 2000, peu de temps après les Jeux de Sydney. Si pendant son 1er mandat, il a « appris le métier de dirigeant », comme il aimait à le dire, lors de son 2e mandat, la FFTT lui doit : l’attribution des championnats du monde individuels en 2003, le projet de construction du siège fédéral à Paris (13e), la création de la base de données des licences et gestion des compétitions (SPID), et le programme PERF TT, notamment. A la fin des années 90, il avait donné à sa carrière de dirigeant une dimension internationale, accédant à la vice-présidence de l’ETTU (1996-2000) puis président délégué de l’ITTF (1999-2005).

En janvier 2014, Ping Pong Magazine lui avait consacré un article. Pierre ALBERTINI s’y présentait comme un « retraité paisible et heureux ». Il évoquait avec tendresse ses petits-enfants, racontait avec une pointe de fierté être désormais « président d’honneur de la FFTT », expliquait avoir accepté, quatre ans plus tôt, la sollicitation de la Fédération française de judo de présider l’Amicale des Internationaux, une association forte de 400 membres. Surtout, cet amoureux de la vie et de la bonne chère confiait avoir reçu presque coup sur coup, en 2013, la Croix de vermeil de la Fédération française de judo, la Légion d’Honneur et un 8e dan dans l’ordre des ceintures noires.

Sa disparation soudaine, deux semaines après son 75e anniversaire, ne laisse pas seulement un vide immense dans la famille du tennis de table et celle du judo français. Le sport français tout entier vient de perdre l’un de ses géants.

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