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Déjà condamné par la justice, l’ancien directeur technique national de la fédération française de tennis de table, Pascal Berrest, vient d’être révoqué par la ministre des Sports, Laura Flessel.

Le 8 juin dernier à Versailles, Pascal Berrest avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour «atteinte à la vie privée par enregistrement», une peine assortie d’une obligation de soins. Démissionnaire depuis, il avait été remplacé, début décembre, par Bernard Bousigue, en qualité de DTN de tennis de table.

Il était reproché à Pascal Berrest, 55 ans, d’avoir filmé, pendant un an, des clientes d’une piscine en train de se changer dans les cabines. Il avait été arrêté le 2 février 2016 à la piscine de Montbauron de Versailles. Plusieurs centaines de vidéos avaient été retrouvées chez lui par la police, sans qu’elles aient été diffusées.

Sanctionné par la justice, ce cadre d’État (il est inspecteur principal) faisait l’objet, parallèlement, d’une enquête, administrative cette fois, ordonnée par le ministère des Sports et conduite par deux inspecteurs généraux.

«J’ai reconnu les faits. Là, je suis sanctionné juridiquement, administrativement, médiatiquement» Pascal Berrest

Le rapport concernant cette enquête administrative ayant été remis fin décembre, une commission administrative paritaire (CAP composée de représentants de l’administration, de syndicalistes et, naturellement, des défenseurs du fonctionnaire accusé) s’était réunie le 9 janvier, proposant une sanction.

Huit jours plus tard, mercredi dernier donc, la ministre des Sports Laura Flessel a choisi d’infliger la peine la plus lourde au fonctionnaire Pascal Berrest. Cette révocation, une mesure rarissime, prend effet à compter du 1er février. Elle a été signifiée par un courrier signé par le directeur des ressources humaines des ministères sociaux, Joël Blondel.

«J’ai reconnu les faits. Là, je suis sanctionné juridiquement, administrativement, médiatiquement, a déclaré jeudi Pascal Berrest. J’ai des problèmes neurologiques qui peuvent expliquer mon comportement, mais les représentants du ministère, lors de la commission, ont balayé tout ça. Mon avocat a présenté les faits, des jurisprudences… Moi, j’ai fait une, des fautes, je ne n’ai pas de soucis par rapport à ça. Je ne sais pas si j’étais dans mon état normal. J’ai l’impression d’en prendre plein la gueule (il se met à pleurer). J’ai fait ce qu’il y a d’écrit dans le jugement. Rien d’autre. Et là, je prends une bombe atomique.»

«Une sanction injuste et disproportionnée»

Pascal Berrest pourrait, dans les prochains jours, faire appel devant le Conseil supérieur de la fonction publique de l’État. Cette instance devrait émettre un nouvel avis qui sera suivi ou non par Laura Flessel. Ses défenseurs pourraient également se tourner vers le tribunal administratif.

Présent lors de la CAP, le syndicat de l’encadrement Jeunesse et Sports (SEJS) a dénoncé par la voix de son secrétaire général adjoint Philippe Baylac, «une sanction injuste et disproportionnée». Il a également souligné que Pascal Berrest était sanctionné pour «des actes commis hors de l’exercice de ses fonctions». Enfin, il a reproché à la ministre de n’avoir tenu aucun compte, dans cette affaire, des états de service passés de Pascal Berrest, de son état de santé (il serait psychologiquement très affecté par cette affaire) et des regrets qu’il avait officiellement formulés.

Ancien entraîneur (1995-2000), notamment du quatre sans barreur vice-champion olympique aux Jeux d’Atlanta en 1996 puis DTN (2005-2012) auprès de la fédération française d’aviron, Pascal Berrest avait pris ses fonctions à la direction technique du tennis de table en mars 2013.

P.I. avec B.A.
Source https://www.lequipe.fr 
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